Ces deux mots bien distincts ne deviennent qu’un dans la langue des signes. Au-delà des mimiques perceptibles par les entendants, j’ai perçu dans cette langue un moyen de communication où l’abandon de soi est essentiel : le discours formulé en signe est compréhensible si l’engagement corporel est fort, si les émotions se lisent sur le visage.
Travailler dans un univers où la vue remplace l’ouïe m’a paru comme une évidence. Pendant plus de trois mois, au cœur de l’Institut national des jeunes sourds, les élèves de sixième et de troisième du cours de langue des signes de Mme Nadia Bourgeois m’ont ouvert leurs classes.
Dans une langue qui m’était alors inconnue, où le corps est en perpétuel mouvement, j’ai souhaité fixer des moments très précis de leur apprentissage en plaçant mon regard au centre de leurs conversations. Ces enfants doivent développer un imaginaire fort pour communiquer entre eux. C’est leur épanouissement dans cette langue, primordiale pour leur ouverture au monde, que j’ai également souhaité mettre en lumière.
Aller au-delà de la signification précise de leur signe afin de rendre sensible et perceptible ce que cette langue impose. Quand le regard devient une qualité d’écoute.